Master classe destinée aux comédiens professionnels
Du 31 mars au 11 avril 2025 de 11h à 18h
Afin de marquer son soutien à la profession, la Fondation leLabō propose cette master classe gratuitement

Pour s’inscrire : envoyer un CV et une lettre de motivation à info@lelabo.site
Délai d’inscription : 17 mars à 12h

« Je ne suis rien.
Je ne serai jamais rien.
Je ne saurais vouloir être rien.
À part ça, je porte en moi tous les rêves du monde. »

    Àlvaro de Campos, hétéronyme de Fernando Pessoa

Tout et Rien c’est ce que l’auteur, le poète peut nous offrir. Surtout le manque entre le tout et le rien de l’écriture. C’est la matière que l’acteur et l’actrice peuvent laisser naître en eux comme des plaques sensibles, qui rendront vivants les mots couchés sur le papier.

Le mot est un muscle. Nous pouvons l’allonger, le contracter, l’éclaircir, l’obscurcir pour saisir quelque chose qui échappe à la convention. Réveiller l’oreille fatiguée et le cœur confortable pour faire entendre un langage qui est en nous. Aussi, cette matière textuelle, trouée, corps malade, mêlée à nos propres émotions nous pousse à essayer, troubler, saisir ce quelque chose qui nous échappe et qui nous rend vivant.

Vivant aussi pour celui ou celle qui écoute et qui regarde. Si cette matière corporelle et textuelle de l’acteur et l’actrice est en mouvement devant nous, nous pourrons construire à vue une pensée vivante. Et nous spectateur-spectatrice regardant, écoutant, nous pourrons être avec les interprètes.

Mon travail sera de chercher avec les participants à sauter dans le vide, dans le rien. Avoir le courage de se désarmer, de se dépouiller des préjugés, du confort. La peur, l’erreur et bien sûr l’aveu de faiblesse sont les bienvenus. Pour cela, nous utiliserons les sons, les silences, un déboîtement du corps pour faire hospitalité au poète Ostrovski. Et pourquoi pas, que nous l’invitions à partager sa subjectivité afin qu’elle puisse réveiller la nôtre.

Mais avant il faudra enlever ce qui est mort en nous. Pour moi, il y a la mort avant la vie.

Quand j’ai lu « l’Orage » la réplique que Catherine dit à sa belle-sœur Varvara (Acte I) :

Silence
– Je mourrai bientôt.

m’a saisi et stupéfait. Une jeune femme nous dit qu’elle va mourir. Cette déclaration a déclenché un « obscur pressentiment, une intuition puissante et vague » comme dit Peter Brook.

L’orage gronde et la mort viendra à la fin de la pièce comme une délivrance. Un orage qui éclate, qui perce, une condition de vie trop lourde qui pèse sur les personnages.
C’est cela qui me donne envie de mener l’enquête pendant les deux semaines au Labō.

C’est une pièce, courte, dense et je choisirai les scènes qui nous aideront à expérimenter cette écriture violente, sociale, politique où les femmes ont la parole.

Juan Antonio Crespillo