Les Master classes du Labō

Nathalie Lannuzel

Du 19 février au 1er mars 2024 – de 11h à 17h

De la tragédie antique au récit contemporain, comment se saisir, aujourd’hui, de la notion de catharsis ?

Master classe gratuite, ouverte aux comédien(ne)s professionnel(le)s.
Merci d’envoyer votre CV et une courte lettre de motivation par e-mail à info@lelabo.site jusqu’au 31 janvier au plus tard.
L’enfant est assise sur un bloc de pierre plusieurs fois millénaire. Elle vient d’avoir douze ans. Devant elle, se déploie le théâtre d’Epidaure et au-delà, la rondeur des montagnes et l’immensité bleue du ciel. Une joie énorme l’étreint en même temps qu’une douleur plus ancienne qu’elle et, de cette contradiction, jaillit la phrase qui désormais tracera sa route : « C’est ÇA que je veux faire ».
Qu’y avait-il dans ce ÇA de si impérieux, sans que je puisse alors le nommer, et que, quarante ans plus tard, je tiens toujours pour essentiel dans ma démarche, quels que soient les divers chemins de théâtre empruntés ?
Du jeu à la mise en scène, de la transmission à la direction des Teintureries, ma recherche tend à ÇA, à l’expérience de la clarté, à « l’opération lumineuse »*, la révélation par la scène d’une vision plus ample, plus claire de nos destinées et tragédies humaines. Une clarification qui est à la racine de la CATHARSIS si bien décryptée par Marie-José Mondzain*, philosophe française qui dénonce le sens de « purgation » trop souvent donné à ce terme et lui restitue toute son énergie libératrice en partant de sa définition première : « Phénomène par lequel un objet, traversé par de la lumière, celle du soleil ou celle de l’esprit, devient ainsi intelligible. » 
Plus que jamais, les arts de la scène s’emparent de sujets brûlants, souvent par le prisme de l’intime ou de l’expérience personnelle, jusqu’à déposer sur scène des pans du réel ou de ce que l’on croit tel. En convoquant le public à regarder et à entendre, font-ils pour autant œuvre de catharsis ?
Comment pouvons-nous, par un travail d’écart, de déplacement, d’ouverture, passer du récit de soi au récit d’un autre en soi ?
Comment articuler l’intime et l’universel ? Ou, pour reprendre des termes rousseauistes, faire entendre l’intérêt commun dans l’intérêt particulier ?
Comment offrir une vision qui vise à mettre ensemble ce que la réalité du quotidien et nos réactions émotionnelles tendent à séparer ?
Nathalie Lannuzel
 
Comment éclairer nos passions humaines et nos tragédies contemporaines ?
Comment ensemble mettre du sens, de la lumière, à ce qui semble hors de soi, hors du sens commun ?
C’est ce processus de clarification, d’amplification que je propose d’expérimenter à l’aune de nos questionnements actuels et à travers notre relation à la langue, au texte et à ses différents modes d’incarnation. En traversant des écritures de tous les temps et styles, en travaillant le langage, la forme, l’adresse, l’engagement, en questionnant la position intérieure, le choix des mots, des textes, en utilisant des techniques liées à la voix, au souffle, au corps, en s’interrogeant sur l’écoute et l’intelligibilité, nous prendrons la catharsis comme élan et objectif pour nous amener à faire une opération lumineuse des phénomènes les plus ténébreux de notre histoire humaine, voire de notre histoire tout court.

« Que faisons-nous qui nous fait homme ? » demande Aristote. Sa réponse est : « On tire au clair ». Je propose que nous le fassions ensemble.
Nathalie Lannuzel
Diplômée du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris, Nathalie Lannuzel s’engage très jeune dans un parcours de comédienne et d’enseignante. Parce que le théâtre est force d’évocation et de transcendance, elle ne cesse d’interroger sa démarche artistique en lien avec la question cruciale de la transmission. Dès 2004, elle est engagée au Centre des arts du Grütli puis au Théâtre Vidy-Lausanne en tant que metteure en scène puis développe sa recherche sur divers plateaux jusqu’en 2012. Elle est alors nommée directrice aux Teintureries Ecole supérieure de théâtre jusqu’à sa fermeture en septembre 2023. Elle crée l’association Les Mots pour le dire qui l’accompagne pour la création au Théâtre Vidy-Lausanne en 2025 du texte SAGRADA FAMILIA dont elle est également l’autrice.

Laurent Natrella

Du 9 au 20 octobre 2023
La structure du sens, travail sur une scène classique
« Lorsque je donne des cours, je constate très souvent que ce que veut dire l’auteur n’est pas forcément accessible au premier abord pour mes élèves. Très souvent ils et elles passent à côté de la situation car les mots ne sont pas totalement révélateurs de l’action en jeu. Savoir déceler ce qui se joue dans une scène demande de la pratique et une habitude de la lecture théâtrale afin de passer du livre à la scène.
Une fois que le sens est compris une nouvelle étape doit être franchie :  il faut savoir structurer ce sens dans notre manière d’interpréter la scène, afin de faire entendre le plus clairement possible ce qui est joué.
J’ai donc élaboré une série d’exercices qui commence par la lecture d’un texte et va jusqu’à l’élaboration de ce sens dans la construction d’une scène de théâtre. C’est ce que j’appelle « la structure du sens ».
Nous tâcherons donc de rechercher et de comprendre ensemble cette structure du sens à travers les scènes d’une pièce du théâtre classique d’Alfred de Musset, Les caprices de Marianne.» 
Né en 1964, Laurent Natrella est comédien et metteur en scène. Il débute sa formation au Conservatoire d’Antibes et intègre ensuite le Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique. À sa sortie, Daniel Mesguich lui propose d’intégrer la troupe permanente du Théâtre de la Métaphore. En 1998, il est engagé à la Comédie-Française dont il devient le 514e sociétaire, de 2007 à 2019.  Il travaille sous les directions d’entre autres : Daniel Mesguich, Bob Wilson, T.G.Stan-Decoe-Discordia, Lukas Hemleb, Daniel Mesguich, Lilo Baur, Denis Podalydès, Anne-Marie Etienne, Jean-Louis Benoit, Eric Ruf, Laurent Pelly, Dann Jemmet, ou Christiane Jatahy. Il est nommé pour le Molière 2017 du comédien dans un spectacle de théâtre public. L’enseignement théâtral occupe également une place privilégiée dans son travail. Professeur au cours Florent, puis au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique et à Sciences Po, il enseigne à Lausanne à l’École des Teintureries.

On a pu le découvrir récemment mis en scène par Omar Porras dans le rôle titre des Fourberies de Scapin au TKM. Il y assure cette saison la mise en scène de Fantasio de Alfred de Musset, à voir du 26.09 au 15.10

Denis Guénoun

Du 8 au 20 mai 2023

Entendre, dire, jouer Claudel

L’écriture théâtrale de Claudel abrite une énigme. Apparemment à l’écart de toute actualité, elle maintient une puissance d’attraction pour les acteurs et actrices, metteurs et metteuses en scène. Elle s’obstine à trouver, à toucher des publics contemporains, parfois vastes, malgré ses difficultés. Cette master-class voudrait expérimenter quelques modalités et raisons de cette force.
Une de ses ressources tient à son ancrage intense dans le poétique. Mais il ne suffit pas d’être poème pour produire le théâtre : Mallarmé reste moins sollicité sur les scènes. Quel rapport à la poésie met en mouvement cette écriture scénique ? Comment cette pratique sonore, prosodique, métrique, rythmique,  tient-elle la scène en convoquant la vie physique des interprètes ? Il est aussi question des figures, images et visions portées par les textes : par quelle sorte de vitalité, traversant le jeu, atteignent-elles les sensibilités spectatrices ?
 Et encore, quelle pratique singulière du dialogue structure ces écrits, l’inscrivant dans des situations élémentaires, en les transcendant à tout moment ? Comment circule, se transmet, s’intensifie la puissance poétique dans le passage entre comédiens et comédiennes ?
Pour éprouver ces aspects, on engagera du travail sur le jeu. Le matériau principal sera la pièce L’Échange, dans sa première version (1895), parfois mise en rapport avec la seconde (1951)[1]. On fera,
par moments, appel à des écrits non-théâtraux du même auteur (poèmes, prières, proses), pour chercher la différence théâtrale. On pourra établir des ponts avec d’autres écritures, dont l’énigme est peut-être comparable (Novarina). Enfin, on se demandera toujours comment ces textes sont nourris d’un rapport à la parole populaire, dans sa robustesse comique – parfois plus manifeste dans d’autres pièces (Le Soulier de satin), mais qui parcourt, obscurément ou visiblement, les séquences les plus lyriques.
Denis Guénoun
[1] Toutes deux sont réunies dans un volume de la collection de poche Folio-Gallimard
 Pour en savoir plus sur Denis Guénoun: https://denisguenoun.org/biographie/

Michel Voïta

Du 29 août au 9 septembre 2022

Texte(s) en soi

Stage de 15 jours pour comédien(ne)s professionnel(le)s. Aucune limite d’âge, ni inférieure, ni supérieure mais un texte mémorisé « au rasoir » d’une durée approximative de 3 à 5 minutes. Cela pouvait être un monologue, un texte littéraire, une scène de théâtre où l’on s’empare de tous les protagonistes… Le choix du texte à mémoriser était à la discrétion de chaque participant.
 » Hors des contraintes de production, expérimenter une plongée respectueuse et bienveillante dans l’intime du comédien lorsqu’il profère son texte. Que se passe-t-il à l’intérieur de soi lorsque le texte se dit ? Peut-on intervenir, modifier, enrichir ce moment si particulier du présent du jeu ?
Regarder, sans référence à une quelconque « méthode », ni à aucune « recette » et dans le respect des différences de chacun comment, en amont, il est possible de dialoguer avec le texte dont on va avoir la charge, comment se nourrir de ce dialogue lors des répétitions et, in fine, comment tendre à apporter l’entier de soi dans chaque instant de la représentation ». Michel Voïta
Pour en savoir plus sur Michel Voïta: https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Voïta

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